Le football "se nourrit" de l'immigration. A l'heure où celle-ci alimente les débats, osons l'analyse : que donnerait le foot sans immigration?

 

Le 9 février dernier, les Suisses se rendaient aux urnes afin d'approuver, ou non, une loi visant à limiter l'immigration de masse. En fin de journée, la sentence tombait : avec 19 516 voix de plus (50,34%), le "oui" l'emportait de justesse. "Le texte prévoit de limiter l'immigration (pour les travailleurs, frontaliers ou demandeurs d'asile) par des plafonds et des contingents" avançait alors la ministre de la justice, Simonetta Sommaruga. Ces plafonds devant être fixés en fonction des "intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect de la préférence nationale".

 

Jusqu'à 70 000 immigrés débarquent chaque année au pays de Sepp Blatter et des grosses montres. Tant et si bien que les étrangers pèsent, aujourd'hui, environ 23% de la population totale. Non négligeable.

 

Or, ce n'est un secret pour personne (à part peut-être pour Laurent Blanc - voir l'affaire des quotas), le foot "se nourrit" de l'immigration. La Nati (surnom de l'équipe nationale), qui participe cet été au dixième Mondial de son histoire, pourrait-elle être affectée par ces futures mesures? Dans un pays comptant moins de 200 000 footballeurs (pour plus de 380 000 en Belgique), la question mérite d'être posée, et approfondie.

 

C'est précisément ce à quoi s'est attelé Mark Cruise, journaliste au These football times, site web britannique spécialisé partenaire du Guardian. Dans un article relayé par Courrier International, il dresse la liste des joueurs qui ne porteraient pas le maillot helvétique si une telle loi avait vu le jour voici une trentaine d'années.

 

Résultat : sur les vingt-et-un éléments sélectionnés par Ottmar Hitzfeld, il faut en retirer... treize : Drmic, Seferovic, Gavranovic, Barnetta, Rodriguez et Inler (capitaine), Mehmedi, Xhaka, Shaqiri, Dzemaili, Behrami, Fernandes et Djourou. Sept d'entre-eux étaient titulaires pour le premier matche, face à l'Équateur. Monté en deuxième mi-temps, Seferovic a, lui, inscrit le but victorieux à la dernière minute (chouette but d'ailleurs). Concrètement, si on prend cette rencontre comme point de repère, la formation suisse accuserait un handicap numérique qui risquerait fort de lui compliquer la tâche, même face au Honduras. 

Mais nos amis montagnards ne sont pas les seuls à risquer la banqueroute s'ils devaient évoluer avec éléments "pure souche". Restons par exemple dans le même groupe et attardons-nous à l'Équipe de France. Pour débuter le tournoi, DD Didier Deschamps a fait encore plus fort que ses voisins, puisqu'il a aligné... huit joueurs nés à l'étranger ou d'origine étrangère ! Soit Evra (né à Dakar), Sakho (dont les parents sont sénégalais), Varan (père Martiniquais), Pogba (son paternel, Guinéen, est arrivé dans l'Hexagone pendant les Sixties), Matuidi (parents Angolais), Valbuena (dont le père, Carlos, est originaire de Valladolid, en Espagne), Griezmann (son grand-père maternel, footballeur au Futebol Clube Paços de Ferreira, était portugais) et Benzema (parents Algériens).

 

Le "Onze" Bleu-Blanc-Rouge deviendrait directement moins compétitif. On peut également remarquer que, comme aux dernières élections Européennes, la France pencherait pas mal à droite.

Enfin, voyons ce qu'aurait donné la confrontation Belgo-algérienne.

Pas grand-chose, manifestement. Mais la Belgique l'aurait sans doute également emporté. Côté Belge, justement, Marc Wilmots serait privé de son capitaine, Kompany (papa congolais), de Witsel (papa martiniquais), de Lukaku (Roger Lukaku, son père, est Congolais et ancien footballeur à Seraing et Malines dans les années nonante), ainsi que de Dembele (origines maliennes) et Chadli (origines marocaines).

 

En face, Vahid Halilhodzic n'aurait pas vraiment l'embarras du choix, car huit de ses gars sont nés en France : M'Bolhi (Paris), Bougherra (dans la charmante bourgade de Longvic, en Bourgogne), Ghoulam (Saint-Priest-en-Jarez en Rhône-Alpes), Feghouli (LevalloisPerret en Hauts-de-Seine), Bentaleb (Lille), Taïder (Castres, Midi-Pyrénées), Mahrez (en Île-de-France), Mostefa (Dijon). Medjani, quant à lui, a la double nationalité via sa branche maternelle.

 

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