Élément incontournable du paysage médiatique actuel, le quotidien sportif occupe une place considérable dans les chaumières musclées, voire dans nos athlétiques petits coeurs. Si informer le lecteur reste, of course, la ligne de conduite principale, certains rédacteurs matois n'hésitent pas à utiliser ces pages à d'autres fins. Entre les doublés de Messi et les frasques de Balotelli prennent place petites phrases à connotation politique ou images moins innocentes qu'elles n'en ont l'air. Petit tour d'horizon de quelques-unes de ces revues présentes en kiosque avec donc comme objectif officieux de contourner la censure exercée par l'Etat ou des moeurs un peu ringardes pour notre époque.

 

BIRMANIE (ou Myanmar)

Durant plus de vingt ans (de 1988 à 2011) dirigé par une des pires dictatures mondiales, ce pays à l'indicatif téléphonique +95 se voit régulièrement infligé des sanctions pour non-respect des Droits de l'Homme. La censure ? Le groupe de presse Eleven Media n'en pense pas moins : en 2000, il frappe juste avec la première publication d'un hebdomadaire sportif, le First Eleven Sport Journal. Le nombre de lecteurs gonfle rapidement, et pour cause : dans un paysage médiatique où la liberté d'expression n'est pas au top, le magazine utilise le sport afin de diffuser subtilement messages politiques et opinions contestataires ("L'homme au centre, l'arbitre, n'est pas juste. Le football ne se joue pas seulement à 22 mais avec tout le public"). Cependant, en 2003, les services de renseignements font irruption dans les bureaux d'Eleven Media et un de ses rédacteurs sera condamné à mort. C'est le début d'une période de censure extrême envers le groupe : un article sera alors passé au crible plusieurs jours avant de pouvoir être publié. Cependant, au pays où "le bonheur se trouve dans une vie harmonieusement disciplinée", les choses se décoincent quelque peu. "L'ouverture politique de ces derniers mois est fantastiques", déclarait en juin dernier Htut Aung, PDG du groupe, à Courrier International. Depuis quelques mois, la Birmanie a abolit, officiellement du moins, la censure de la presse. Bon nombre de journalistes détenus furent libérés et les sites internet auparavant non-accessibles le sont à nouveau. Le sport peut-il désormais en revenir à ses fondamentaux ?

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Sources : Courrier International, Libération, Wikipédia.

 

MOYEN ORIENT

Plus proche de nous (enfin, proche, tout est relatif), un engouement encore supérieur entoure le magazine sportif. Difficile de trouver trace, dans les pays arabes, d'un groupe de presse démunit d'une revue sportive (ou au minimum d'un supplément). Pourtant, l'actualité locale y est sous-représentée : l'information relative aux compétitions occidentales occupe la majorité des pages, sans grande folie. Sans originalité. C'est facheux. Mais rassurons-nous : le lectorat est certainement conscient de la qualité somme toute douteuse des quotidiens nationaux, et a l'habitude de sortir de sa poche quelques Dinars, Livres libanaises ou Riyals avec un objectif précis (et à première vue surprenant) : voir du corps. En effet, alors que de petites épaules nues demeurent proscrites de la plupart des médias arabes, il n'est pas rare de trouver, à travers les pages dédiées au sport, des photos d'athlètes torse nu, en jupe, en maillot ou en tenue moulante. Parmi ces quotidiens un peu "olé olé", citons Al-Alam Al-Riyadi (Arabie Saoudite, entre autres), Al-Riyadi Al-Arabi (Koweit),Al-Ahram Al-Riyadi (Egypte) ou Al-Hadath Al-Riyadi (Liban, Tunisie...). Ce dernier étant assez influent dans le milieu, puisqu'il décerne chaque année le trophée du meilleur footballeur arabe. Enfin, et pour la petite info bilingue, Al-Riyadi signifie sportif

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Sources : Courrier International, El Moudjahid, Dilap.com, Wikipédia.

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